Deux vieux discutent en fumant. Un peu plus loin les gamins jouent. Brandissant à n'importe quelle heure du jour d'énormes glaces dégoulinantes de sucres et de colorants. Devant les façades colorées des maisons en bois, la vie s'étire de tout son long. Et puis le temps recommence à couler, doucement, presque au ralentit.
Ici, c'est le Chili. Pas question de brusquer le cour des choses. L’océan pacifique n'est pas loin. C'est d'ailleurs son haleine moite et salée que le vent d'ouest nous amène. Toute la populace est affairée à ses petites occupations. Certains marchent sans se presser, d'autres attendent au coin d'une rue, assis sur un banc ou à même le trottoir. Les sourires sont de la partie. Même si le soleil ne brille pas sur toutes les dents. L’atmosphère est paisible, détendue. Il fait bon vivre dans ce coin de l'espace et du temps.
Marcher dans Puerto Varas c'est un peu comme feuilleter un album photo. Bien sûr, toutes les rues du monde sont des théâtres Mais la comédie qui se joue ici surclasse de loin les modestes cabarets habituels. C'est dans cette petite ville au bord du lago Llanquihue que nous allons vraiment découvrir l'identité latino. Un premier rendez-vous galant, histoire de faire connaissance.
L'Argentine nous avait pourtant offert un avant goût de cette vida loca sud-américaine. Mais il s'agissait plutôt d'une première approche furtive. De scènes de vie entre-aperçues sur un bord de route ou au coin d'une rue sans que nous ayons le temps d'appuyer sur pause. D'instants saisis au fil du voyage, mais sans jamais atteindre le sentiment du dépaysement total. Un idéal que nous poursuivons depuis un peu plus d'un mois.
Texte Hugo Charpentier - Illustration Arthur Courtois
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