mardi 28 mai 2013

Dans les parages du Horn



Cabo de Horno, le terrible Cap Horn.


«Tu ferais bien de prévenir tes proches avant d’embarquer avec deux cinglés de polaques.» La phrase avait roulé toute seule de la proue à la poupe. Sur le moment, je me demandais si ce n’était pas une vague plus grosse que les autres qui avait fait grincer Selma contre ses amarres. Aussitôt le capitaine remettait son nez dans le bulletin météo. Nous étions encore à l’amarre dans le port d’Ushuaia et je m’en allais régler les derniers détails avant le grand départ.

Il n’est jamais trop bon de faire ses plans à l’avance. J’étais donc venu à Ushuaia sans vraiment savoir ce que j’allais y faire. La ville en elle-même n’avait que peu d’intérêt. C’était un amoncellement d’immeubles décrépits construits autour d’une rue principale dont les vitrines puaient le croque-touriste. De monstrueux complexes hôteliers gangrenaient les montagnes alentours. Le casino, un énorme bunker en béton, mettait une touche finale à la tristesse du tableau. L’ensemble n’avait strictement rien à voir avec l’émission de Nicolas Hulot. Il y a quelques années, Ushuaia avait sans doute été un havre de paix épargné par les vices du business. Aujourd’hui, seuls quelques caisses de dynamites semblaient en mesure d’améliorer le paysage.

J’étais sans doute attiré par le parfum du large et l’idée de voir le bout du monde. Mais l’aventure pousse toujours son homme plus loin vers le sud. Le premier matin, j’étais donc descendu sur le port à la recherche d’un embarquement. Peu importait la destination, seul comptait alors la perspective de naviguer.




Dans le port d'Ushuaïa.



Le port d’Ushuaïa a tout d’une colonie française. Il n'y a qu'à lire le nom des bateaux amarrés là. Podorange, Esprit d’équipe, Le Boulard… D’un voilier à l’autre, ça discute prix du boot et bon mouillage, un mug de café ou une cigarette roulée à la main. Et le tout dans la langue de Molière, comme sur une jetée bretonne. « On est complet, demande au bateau rouge… ». Et c‘est là, parmi cette foret de mats franchouillards que je rencontrais Selma. Un ketch de soixante pieds battant pavillon polonais.

Tomasz Łopata, le capitaine, avait déjà bien roulé sa bosse dans les eaux du Horn et parmi les glaces de l’océan Austral. Il affectionnait d’ailleurs particulièrement ces voyages vers l’Antarctique. Là où la météo pouvait changer du tout au tout en quelques minutes. Quand il fallait veiller les icebergs, parfois dans le gros temps, presque toujours dans des conditions difficiles. Rien de comparable avec le modeste cabotage autour de la Terre de Feu pour lequel Selma devait appareiller le lendemain. L’expédition devait durer une dizaine de jour. Il restait une couchette à bord, j’étais donc de la partie. 

Nous étions neuf à participé au voyage. Les gens de la mer sont des personnages particulièrement racés et il y avait naturellement quelques perles dans le lot. Gustav, un allemand, était de celles là. Quand je le rencontrais, il avait déjà une bonne dose de kilomètres dans les guibolles. Nous allions si bien nous entendre que même après Selma nous ferons un bout de route ensemble.

Et puis il y avait Andrew, un lituanien ou plutôt un citoyen du monde. Dix ans que ce brigand avait décidé de faire un bras d’honneur à la civilisation et qu’il vivait sur son bateau. Un jour il participait aux campagnes de pêche les plus dangereuses de la planète en mer du Groenland. Le lendemain il écumait les côtes africaines ou chassait la baleine au large de la Norvège. La premier fois qu’il avait traversé l’Atlantique, c’était sur une coquillette de sept mètres. « J’ai vécu des moments très forts avec ce bateau et quelques parties d’amour que la bienséance ne me permet pas de détailler ici. »



Andrew et son nouveau bateau. Un ketch de douze mètres construit sur le même modèle que le Joshua de Bernard Moitessier. Le premier navigateur a avoir accompli un tour du monde en solitaire et sans escale par les trois caps.



Andrew s’exprimait souvent comme un gentleman. C’était pourtant un sacré lascar. D’autant que sa première transatlantique en solitaire avait tout d’un véritable braquage. «Une expérience enrichissante cher ami. Mon embarcation prenait l’eau et j’étais obligé de calfeutrer la coque avec des morceaux de bottes en caoutchouc.» Un matin, il s’était réveillé au milieu d’un calme plat. Trois jours durant il avait attendu que le vent revienne. Le troisième jour il s’était mis à ramer. « A un moment je me suis arrêté, et je me suis dit que je devais vraiment avoir l’air d’un fou. Là, tout seul à ramer au beau milieu de l’Atlantique. » Finalement le vent était revenu. Après cinquante-quatre jours de mer sans croiser âme qui vive, Andrew avait fini par apercevoir les cotes du nouveau continent. 

Nous y voilà. Le nez de Selma décolle doucement du quai. Thierry, le skipper d’Esprit d’équipe, nous souhaite une bonne ballade. Il a neigé cette nuit sur les montagnes autour d’Ushuaia. Cap à l’est et nous naviguons déjà sur le canal de Beagle. Des familles de lions de mer sautent tout autour de la coque et je sais que dans quelques minutes, le silence s’installera à bord. Extinction du moteur. Voilà Selma qui fil sept nœuds sous le foc, l’artimon et la grand voile à un ris. Elle se courbe, gite légèrement pour épouser la rafale. Chaque petit souffle qui nous pousse, chaque minute à la voile est une victoire. Les albatros s’écartent sur notre passage et laissent Selma poursuivre sa route. Là bas, vers le Horn.




Nous larguons les ris. Dans quelques instants Selma s'élancera à la voile.



Première escale à Puerto Williams, sur l’île Navarino au Chili. C’est la ville la plus australe de la planète. Le Cap Horn étant en territoire chilien, il s’agit simplement de faire tamponner nos passeports. Nous passons une nuit dans le petit port où un ancien navire de guerre à demi-coulé sert à la fois de quai et de capitainerie. 

Le lendemain, nous gagnions Puerto Torro. Une poignée de maisons en bois construites autour d’une petite chapelle. Cinq familles vivent ici grâce à la pêche du centoya. Dans les restaurants chics, à l’autre bout du monde, une assiette de chaire de ce fameux crabe géant peut valoir plusieurs centaines d’euros. Sur le ponton, au milieu des hommes occupés à réparer les nasses, les gars se font des passes avec un ballon. Un match entre Puerto Torro et l’équipage de Selma est rapidement organisé. Le maître d‘école nous ouvre les portes du gymnase et le coup d‘envoi est donné. Trois équipes de quatre, on tourne à chaque but. A la fin de la partie, un pécheur nous passe deux énormes crabes. Avec ceux que Tomasz a échanger contre du whisky et des cigarettes, ça nous en fait une bonne dizaine. A bord, c’est un vrai festin de banquier que nous nous offrons. Puis nous levons l’ancre dans la soirée pour une première navigation nocturne.




Puerto Toro, la ligue du crabe géant.



Quatre heures du matin, nous sortons des couchettes. C‘est le début de notre quart. Éclairés par la lumière rouge de la cabine, nous nous équipons sans échanger un mot. Chacun passe plusieurs couches de vêtements avant d’enfiler la veste et le pantalon de quart. Un café avant de monter sur le pont et nous plongeons nos regards endormis dans la nuit sombre. Parfois, nous perçons le rideau d’obscurité et devinons la forme d‘une île. Alors on jette un coup d’œil au compas et on met quelques degrés dans la barre pour corriger la route de Selma. Si bien que nous filons droit sur le canal comme sur une autoroute.

Dans le cockpit, nous ne sommes qu’un point sur le radar. Une suite de chiffre indiquant notre position. Mais dehors sur le pont, il n’y plus aucune notion d’espace. Selma est totalement enveloppée dans les ténèbres. Debout dans cette bulle glaciale, je ne suis qu’un être pensant, immobile et silencieux. Toutes ces petites choses qui me brouillaient l’esprit ont disparues. Envolées, elles n’avaient pas leurs places ici. Le monde semble tellement loin que je me demande si il a vraiment existé un jour. Même le temps est élastique, les heures durent une éternité ou passent parfois en quelques secondes. 

Une fois le soleil couché, la mer devient un univers sonore. Il n’y a qu’à voir le grand mat se balancer avec la houle comme un métronome entre les étoiles. C’est lui qui donne le tempo de cette formidable symphonie naturelle. Le battement d’aile d’un albatros pose quelques notes sur cette partition silencieuse. Puis des dauphins soufflent et sautent tout autour de Selma. Nous ne pouvons pas les voir mais ils sont là. Un coup de lampe frontale et deux petites boules vertes apparaissent sous la surface. Le bonhomme nous regarde sans pour autant s’arrêter de nager dans notre sillage.



En haut du grand mat



L’aube est grise, sale. Nous regagnons la cabine et ôtons nos vestes de quart dégoulinantes d’eau salée. Quelques heures de sommeil et au réveil nous naviguons entre les îles Wollaston. Un ensemble de rocs sinistres et d’îlots malades dépourvus d’arbres. L’île du Horn est l‘ultime terre de cet archipel ravagé. Nous l’abordons par le nord, de façon à passer le terrible cap d’ouest en est. C’est-à-dire au portant si le vent ne change pas. Le nez de Selma fait l’ascenseur et soulève de gros paquets d’eau noir. Tout autour règne une atmosphère de désolation.  

Et le voilà. Le cap Horn et ses sombres falaises plongeants dans les deux océans. Nous sabrons le champagne et la chevauchée des Walkyries résonne sur le pont. Il était prévu de stationner dans une petite crique. D’aborder l’île avec le dinghy et de visiter le phare ainsi que la petite chapelle à la mémoire des marins disparus. Silencieux, le capitaine observe les grosses vagues se briser contre les rochers. « Ok, it’s maybe not a good idea. Some kind of storm is coming. » 




Le capitaine sabre le champagne au large du sombre rocher.



Il ne fait pas bon s’attarder par ici. Nous virons donc de bord et mettons cap au nord-est. En quelques minutes, le ciel déjà chargé de nuages noirs s’assombrit encore. On dirait qu’il fait nuit. Pourtant le soleil n’est pas censé se coucher avant plusieurs heures. Nous traversons un mauvais grain et le pluie gifle le cockpit de Selma. Puis des éclairs commencent à flasher, illuminant par instant cette obscurité surnaturelle.

Perché la haut, le gardien du phare avec qui nous sommes en contact radio ne doit pas voir beaucoup de jours de beau temps dans l‘année. Mais ce qui frappe le plus lorsque l’on a franchit le seuil de ce cimetière marin, c’est bien la vitesse à laquelle les conditions peuvent évoluer. Il a suffit d’un cour instant pour que d’une météo cireuse mais néanmoins potable, nous soyons projeter dans les ténèbres.



Le Cap Horn déposé dans le sillage de Selma.



Le Horn est loin à présent. Nous avons remis le cap au nord. Après un voyage au pays des bateaux fantômes, nous retrouvons les eaux grouillantes de vie du canal de Beagle. Lions de mer, pingouins, albatros… Et les dauphins de Commerson avec leurs robes noires et blanches. Nous croisons même une baleine à bosse et son petit. Malgré tout ce beau monde, Selma continue sa route, imperturbable. Il suffit d’écouter le bruit de l’eau contre l’étrave pour savoir si le bateau est heureux ou non. A la voile, ce n’est qu’un long soupir de consentement. La coque d’acier, le grand mat et les haubans… Chaque pièce, chaque morceau de boot encaisse la force du vent et gémit de plaisir. Mais quand le moteur redémarre, Selma ronchonne en toussant.




Banc de sardine dans le canal de Beagle.



Nous repassons au large d’Ushuaïa. La deuxième partie de l’expédition doit nous mener à travers le Canal de Beagle jusqu’à la lisière de l’océan pacifique. Ce labyrinthe de fjords et de canaux a ses gardiens: les glaciers. D’immenses colosses d’un bleu électrique suspendus aux flancs des montagnes ou plongeants dans les calanques australes. Quand nous approchons d’un de ces monstres, l’eau salée se couvre d’iceberg. Quentin, l’autre français du bord se poste alors en figure de proue et écarte les plus gros morceaux de glace avec une gaffe.




Navigation au pied du glacier.



D’énormes blocs se détachent parfois des hautes parois gelées. D’assourdissants coups de tonnerres résonnent alors dans les fjords tranquilles. Nous mettons le dinghy à l’eau pour quelques ballades au chevet de ces titans d’un autre âge. Un polonais de l’équipage s’offre même un bain. Et même deux, parce que « la seconde fois, on a l’impression que l’eau est bouillante ».




Le dinghy donne une idée de la taille du monstre.



Le Canal de Beagle regorge de petites criques silencieuses où l’on peut mettre en panne et jeter l’ancre pour la nuit. Des paradis terrestres néanmoins pièges à cause du williwaw. Un vent terrible descendant des montagnes et qui a pour effet de faire chasser les bateaux au mouillage. Si bien que même à l’arrêt, nous sommes obligés de nous relayer jusqu’au petit matin pour veiller une Selma somnambule. « Ceux qui ne savent pas qu'un voilier est un être vivant ne comprendront jamais rien à la mer.* » Même immobilisée, ficelée par trois lignes*, Selma continue de respirer. L’eau joue contre la coque et le souffle d’une brise entraîne un léger frémissement dans les haubans.

La dormeuse s’agite un peu dans son sommeil. Je pose la canne à pêche et jette un coup d’œil aux instruments. Nous n’avons pas bougé. Dans quelques minutes il sera quatre heures du matin. Je pensais attraper un autre de ces petits poissons verts et flasques mais c’est la fin de mon quart. Je descend réveiller Andrew. En deux minutes, le lituanien est sur le pont et nous commençons à discuter dans la nuit froide. Avec son accent anglais d’agent du KGB, il me raconte ses campagnes de pêche dans l‘océan Arctique.

« Tu sais qu’à chaque prise tu fais un billet. Les parts sont divisées entre l’armateur, le capitaine, les autres marins et toi. Le bateau traîne des lignes de plusieurs kilomètres avec des centaines d’hameçons. Un jour tu tombes sur la mine d’or, le banc de poisson ultime. Tu remontes, tu remontes et d’un coup tu lèves les yeux. Là tu vois des vagues hautes comme des maisons et un vent à la limite de l’ouragan… Ton capitaine te dit qu’il faut rebrousser chemin mais toi tu ne penses qu’à l’argent et à cette zone d’enfer que tu laisses filer... »




Sous le ciel des hautes latitudes



Nous parlons aussi des voyages et surtout des voyageurs. Il m’explique que la quasi-totalité des skippers traînent la même histoire derrières eux: tous partent vivre sur leurs bateaux après un divorce. Son anecdote me rappelle le périple d’un normand qui des suites d’une séparation, avait pris son vélo pour visiter les cinq continents. Le type avait déjà fait vingt trois mille kilomètres à travers l’Europe, l’Afrique et l’Asie. La tête dans le guidon, il venait de traverser le Cambodge en quatre jours. Quand il passait dans un village il ne s’arrêtait même pas de pédaler. Tout ce que cet homme là connaissait des pays qu‘il avait visité, c’était l’état des routes et les postes de douanes. 

Certains se perdent dans le voyage. Pour Andrew les choses étaient un peu différentes. Le lituanien n’avait pas fait son sac à cause d’une femme. Sa rupture concernait un mécanisme bien plus vaste: la société moderne. Pour lui, appartenir à un groupe signifiait trop de compromis. Tout cela ne valait pas le fait d’être libre simplement. Il me parlait d’un sud-africain rencontré sur un quai, aux Antilles. Ils avaient discuté de la situation catastrophique en Afrique du sud. « Ses paroles m’ont vraiment inspirées dans ma façon d’agir par la suite. Il m’a dit: je ne vais pas payer pour un gouvernement qui se servira de mon argent pour faire de la merde. » 

Un peu plus tard dans mon voyage sur Selma, j‘ai rencontré un autre de ces oiseaux du grand large. Il était originaire de Belgique et ne devait pas être très éloigné de la barre des soixante printemps. Arrivé en Patagonie avec son bateau une dizaine d’années plus tôt, il avait pour ainsi dire élu domicile dans un fjord appelé Caleta Ferrari. L’endroit se situe à une trentaine de milles nautiques d’Ushuaïa, c’est-à-dire au beau milieu de nulle part. Dans ce lieu magnifique, enclavé entre les montagnes, l’eau du canal semble si calme que l’on a l’impression de naviguer sur un lac. Il y a là une ancienne estancia, autrefois l’un des plus grands élevages de mouton en Terre de Feu. Aujourd’hui seuls quelques chevaux paissent tranquilles dans ce décor de premier matin du monde.



Caleta Ferrari



« Ce n’est pas moi qui donne de l’argent à l‘état, c’est la Belgique qui me paye pour que je reste ici. » Ainsi parlait cet homme dans sa retraite dorée.

Je suis à la barre entre Puerto Williams et Ushuaïa. Le reste de l’équipage est à table, Selma se traîne à quatre nœuds au moteur. En face, l’eau du canal moutonne franchement, le vent devrait forcir. Voilà mon lituanien qui sort la tête du cockpit. « Ok, let’s go for sailing now ! » Il attrape la poignée du winch et commence à manœuvrer l’écoute de Foc. De mon coté je lâche l’enrouleur. Et voilà Selma qui s’élance comme si elle allait s’envoler et se met à filer huit nœuds alors que nous sommes au près. « Great performance my friend ! » Ce soir nous fêterons notre retour dans le port d’Ushuaïa.




Navigation dans le canal de Beagle



C’est incroyable ce que l’on peut faire en une journée lorsque l’on se lève tôt. Nous passons trois heures à refaire le monde pendant que le capitaine pique un somme pour récupérer de sa gueule de bois. Puis nous récurons le bateau des fonds de cale au grand mat. Le ventre de Selma, c’était notre maison pendant ces deux dernières semaines. Maintenant le sac est à nouveau bouclé. Tomasz rentre en Pologne, Andrew va retrouver son bateau et hiverner à Puerto Williams. Tout comme Selma qui va également passer l‘hiver dans le petit port chilien. Quant à Gustav, Quentin et moi, les trois moussaillons s’en vont poursuivre leurs voyages vers le nord. Pendant ces dix jours de mer, c’est comme si quelque chose avait changé et les choses m’apparaissent plus nettes. 

La brume s’est finalement levée. Quelqu’un a crié « Terre ! » et j’ai découvert mon Amérique intérieure.









* Ceux qui ne savent pas qu'un voilier est un être vivant ne comprendront jamais rien à la mer : Bernard Moitessier - La longue route.

* En plus de l'ancre, lors des mouillages nous fixons des lignes de boot rattachées à la terre.


Le site de Selma Expedition





Textes : Hugo Charpentier
Photos : Tomasz Zak, Stanisław Kalicki Adres,
Gustav von Blanckenburg, Quentin Le Breton.
Graphisme : Arthur Courtois